Les figures de style
Vous possédez sans doute des fiches sur les figures de style données par mes collègues les années précédentes.
Je vous propose pour conforter vos connaissances les tableaux de Wikipédia :
Les principales figures de style sont le plus souvent regroupées en fonction de leurs principes de base :
Figures jouant sur le sens des mots :
Principe de base | Nom | Définition | Exemple |
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Analogie | l'image | fondée sur l'équivalence, l'image consiste en un rapprochement de deux champs lexicaux qui met en évidence un élément qui leur est commun |
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la comparaison | la comparaison comporte trois éléments : le comparé - l'outil de comparaison - le comparant (éventuellement inversés) |
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la métaphore | image sans outil de comparaison – on distingue la métaphore annoncée (ex.1) où le comparé et le comparant sont présents et la métaphore directe (ex.2) dans laquelle le comparé est sous-entendu, d'où une grande force de suggestion mais aussi un risque d'incompréhension qui rend nécessaire le contexte |
— Paul Valéry, Charmes, Le Cimetière marin le contexte permet de comprendre que « toit » renvoie à « mer » et « colombes » à « voiles de bateaux ». |
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Substitution | la personnification ou l'animation | évocation d'une chose ou d'une idée sous les traits d'un être humain, d'un dieu ou d'un animal |
— Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, Deuxième partie
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l'allégorie | représentation concrète d'un élément abstrait |
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le symbole | image référence |
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l'image filée (ou métaphore filée) | s'étend sur plusieurs éléments |
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l’hypallage | épithète impertinente constituant une métaphore par le décalage de la relation logique entre les éléments d'une phrase |
— Jean de La Fontaine, Le Lièvre et les Grenouilles
— Guillaume Apollinaire, Alcools, Automne malade
— Louis Aragon, Le Roman inachevé, À chaque gare de poussière... |
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le cliché | image considérée comme usée |
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la métonymie | elle remplace un terme par un autre qui a un rapport logique mais qui n'a aucun élément matériel commun. Elle peut substituer le contenant au contenu (ex), le symbole à la chose (les lauriers = la gloire), l'objet à l'utilisateur (le premier violon), l'auteur à son œuvre (un Zola), l'effet à la cause (Socrate a bu la mort = la ciguë)... |
— Jacques Brel, Bruxelles |
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la synecdoque | c'est une variété de métonymie, parfois confondue avec elle ; elle est fondée sur le principe de l'inclusion. Elle permet d'exprimer la partie pour le tout (ex.1) ou la matière pour l'objet (ex.2) |
— Corneille, Le Cid, acte I, scène 4
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l'antonomase | nom propre employé comme nom commun |
— Du Bellay, Les Regrets, Ce n'est que le fleuve… |
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l'euphémisme | atténuation pour éviter de heurter ; procédé utilisé par exemple comme marque poétique et qui passe souvent par une périphrase avec également une fonction métaphorique |
— Ronsard, Sur la mort de Marie, V - Comme on voit sur la branche au mois de May la rose |
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la litote | atténuation qui suggère le plus en disant le moins, souvent à l'aide d'une tournure négative (ex.1). Également procédé d'ironie (ex.2) |
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la périphrase | remplacement du mot par une expression explicative, fonction poétique et métaphorique ou atténuation |
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l'antiphrase | expression d'une idée par son contraire avec une ironie clairement perceptible d'où nécessité du contexte ou de l'intonation |
— Jacques Prévert, Paroles, Le Temps des noyaux |
Figures jouant sur la place des mots
Principe de base | Nom | Définition | Exemple |
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Insistance | l'épanadiplose | reprise à la fin d'une proposition du même mot que celui situé en début (ex. 1), par opposition à l'anadiplose qui est une reprise juxtaposée (ex. 2) |
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l'épanalepse | reprise d'un groupe de mots au début d'une proposition (construction emphatique) |
— Jean Racine, , Andromaque, acte III, scène 8 |
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l'anaphore | reprise de mots dans des constructions semblables avec un effet de rythme sensible |
— Victor Hugo, Les Châtiments, Livre deuxième, V : Puisque le juste est dans l'abîme |
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l'épiphore | reprise d'un mot ou de plusieurs mots dans deux ou plusieurs phrases ou vers qui se succèdent |
— Émile Verhaeren, Les Villages illusoires, La pluie |
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l'accumulation | juxtaposition (ex. 1), avec éventuellement un effet de gradation croissante ou décroissante, et d'acmé (point culminant, ex. 2) ou climax |
« adieu veau, vache, cochon… » — La Fontaine, La Laitière et le Pot au lait
« Va, cours, vole, et nous venge. » |
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le parallélisme | structure en miroir montrant l'identité ou l'opposition (proche de l'antithèse) |
— Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique |
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l'hyperbole | amplification traduisant l'émotion ou apportant un souffle épique (ex. 1), éventuellement avec un effet ironique ou plaisant (ex. 2) |
— Victor Hugo, Les Chansons des rues et des bois, Saison des semailles. Le soir
— Victor Hugo, Les Châtiments, Lux
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Opposition | le chiasme | parallélisme et inversion, souligne l'union ou l'opposition |
— Balzac
— Victor Hugo, La Légende des siècles, Les Chevaliers errants, Éviradnus, XI : Un peu de musique |
l'antithèse | parallélisme et opposition |
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l'oxymore | variété d'antithèse à l'intérieur d'un groupe nominal, d'une expression |
— Arthur Rimbaud, Poésies, Les Corbeaux
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le zeugme (ou zeugma) | Ellipse d'un mot ou d'un groupe de mots qui devraient être normalement répétés, ce qui a pour conséquence de mettre sur le même plan syntaxique deux éléments appartenant à des registres sémantiques différents |
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Figures jouant sur les sonorités et qui relèvent plus proprement de l'art poétique
Principe de base | Nom | Définition | Exemple |
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Reprise de sons | l’allitération | répétition dans plusieurs mots d'une sonorité consonantique avec un effet de rythme marqué, pouvant créer une harmonie imitative |
répétition expressive des /r/ :
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l’assonance | [stylistique] répétition d'une voyelle dans plusieurs mots d'une même phrase (ex. 1) ; [poétique] rimes qui s’accouplent sur un groupe vocalique formé d’une voyelle tonique identique et d'un phonème consonantique variable (opposé : contre-assonance) | reprise du son /an/ :
— Paul Verlaine, Poèmes saturniens, Melancholia — VI : Mon rêve familier |
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l'homéotéleute | répétition d'un son ou d'un groupe de sons à la finale de plusieurs mots successifs |
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Proximité des sons | la paronomase | jeu sur la proximité des sons (paronymie) |
— Corneille, Le Cid, acte II scène 2
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Figures jouant sur la syntaxe
Principe de base | Nom | Définition | Exemple |
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Rupture de construction | l'ellipse et l’asyndète | juxtaposition sans lien grammatical (parataxe) qui marque de l'émotion ou la spontanéité (ex.1), ou constitue un raccourci frappant (ex.2) |
— Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, incipit
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l'anacoluthe | non-respect de la syntaxe courante, par exemple non rattachement de l'adjectif au nom |
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Figures jouant sur le discours
Principe de base | Nom | Définition | Exemple |
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Discours recréé | la prosopopée | donner la parole à un absent |
— Victor Hugo, Les Contemplations, Livre VI, IV : « Écoutez. Je suis Jean. J’ai vu des choses sombres » Hugo fait parler saint Jean, bouche d'ombre de l'Apocalypse |
Silence non tenu | la prétérition | parler de quelque chose après avoir annoncé que l'on ne va pas en parler |
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Interpellation feinte | la question rhétorique | fausse question destinée à garder ou à susciter l'intérêt du lecteur interpellé |
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