Epreuve écrite : la méthode du commentaire de texte
METHODE DU COMMENTAIRE DE TEXTE
Le commentaire d’un texte littéraire est un exercice de lecture et d’analyse qui permet, à partir d’une observation précise du fond et de la forme et de ses impressions, de rendre compte de sa lecture. Il s’agit de dégager les différents niveaux de signification. Ce travail d’écriture porte sur la totalité ou sur une partie de l’un des textes du corpus et se rapporte ainsi à l’objet d’étude concerné.
Le BO du 26 juin 2001 précise : « le candidat compose un devoir qui présente de manière organisée ce qu’il a retenu de sa lecture, et justifie son interprétation et ses jugements personnels »
Ä Il s’agit donc de composer un devoir organisé selon une progression qui rende compte de la réflexion structurée et précise sur un texte littéraire
Ä Il s’agit donc de considérer le texte comme une construction, le résultat d’un travail sur l’écriture et montrer comment s'élaborent cette construction, cette création
Le commentaire est l’explication d’un texte littéraire, un bilan de lecture.
TRAVAUX PREPARATOIRES :
- Le travail préliminaire : lecture du texte, examen du paratexte, du chapeau, contextualisation (Dates : Histoire ? Mouvement littéraire… ? Auteur ? ) ; identification du genre, de la forme de discours et du registre du texte, des buts de l’auteur.
- Les textes et documents fournis dans la première partie de l’épreuve écrite peuvent éclairer le texte à commenter et orienter la recherche des idées directrices du commentaire.
- Quel est le rapport avec l’objet d’étude ou les objets d’étude ? Cet objet d’étude est indiqué en tête du sujet. Par exemple, le texte peut être à la fois une scène de théâtre et se rattacher l’argumentation.
- De même les questions sur les textes et documents peuvent servir de point de départ à la définition d’une idée directrice
- Il faut se poser d’abord des questions simples : qui, à qui, où, quand, pourquoi, quoi (thèmes), construction du texte (mouvement)
ANALYSE DU TEXTE :
Il faut procéder à l’analyse du texte et reporter cette analyse dans un tableau à 3 colonnes : procédé, interprétation, citation.
Ligne après ligne, on recherche les procédés (indices, preuves…), on les interprète (A quoi sert ce procédé ? Qu’apporte-t-il au texte ? Aucun choix n’est gratuit), on les accompagne d’une citation.
Ensuite on balaie une 2e fois le texte en se remémorant la liste des procédés connus et en vérifiant si on n’en a pas oublié un lors de l’analyse linéaire.
On peu aussi partir de ses impressions (colonne interprétations du tableau) et chercher les procédés qui les valident.
LES IDEES DIRECTRICES :
Pour les trouver, on utilise la colonne interprétation. On dispose donc de nombreuses pistes. On cherche à les regrouper pour en obtenir 5 ou 6. On commence ainsi une phase de synthèse, un bilan d’analyse.
ELABORATION DE LA PROBLEMATIQUE :
La problématique, le questionnement autour duquel va s’organiser tout le devoir, le problème que l’on pose en introduction, et auquel le développement permettra de répondre progressivement. La réponse est formulée en conclusion. Il s’agit, dans cette problématique, de mettre l’accent sur ce qui fait la particularité du texte, son originalité.
CONSTRUCTION DU PLAN :
Un commentaire est une argumentation, une démonstration (d’où l’importance des liens, ou connecteurs logiques) et doit se présenter comme un tout ordonné en fonction d’un raisonnement, d’un fil conducteur. Le plan se présente comme une série d’étapes qui permettent de répondre à la question posée dans la problématique et d’aboutir à la conclusion.
Une idée directrice n’est pas un thème ni un procédé mais une thèse, un jugement porté sur ce qui caractérise le texte et fait son intérêt. Un plan qui sépare le fond et la forme n’est pas pertinent.
On ira toujours du plus évident au plus implicite, du plus simple ou plus complexe (symbolique ….) en hiérarchisant les parties (hypothèses de lecture). On évitera un plan qui suit l’ordre du texte.
On se servira de la colonne interprétation et des idées directrices construire pour les parties (2 ou 3) et sous-parties (2 ou 3 paragraphes).
L’INTRODUCTION
Elle comporte 3 moments :
- l’entrée en matière, l’ouverture: c’est une phrase d’accroche qui intègre le texte dans un ensemble plus vaste en rapport avec le texte (genre, courant littéraire, l’auteur dans son époque : essayez de trouver un rapport entre l’époque et l’auteur ou entre l’époque et le texte, objets d’étude, corpus). Elle peut situer le texte dans l’ouvrage sans le résumer trop longuement, se référer à un élément de la vie de l’auteur ou à un événement historique (si et seulement si ces éléments ont une incidence sur le texte étudié), rapprocher le texte à commenter d’un autre texte du même auteur ou d’un autre auteur…Inutile de donner les dates biographiques de l’auteur : il vaut mieux en tirer des observations ou conclusions utiles comme l’âge de l’auteur quand il écrit le texte : est-ce un jeune homme ? un homme mûr ? un vieillard ?
A éviter : « De tous temps, l’homme a exprimé son amour » ou « Aragon est né en 1897 »
Ne commencez pas par « Ce texte… » car vous n’avez pas encore présenté l’extrait à votre lecteur, qui n’est pas censé le connaître
et la présentation contextuelle du texte : il s’agit de citer le nom de l’auteur et le titre de l’œuvre d’où est extrait le texte, de présenter brièvement le texte lui-même, d’en donner un rapide contenu puis il faut situer le passage dans l’œuvre. IL convient donc de répondre le plus brièvement aux questions : qui ? quoi ? où ? quand ? comment ?
- On veillera à présenter la problématique que l’on a élaborée, sous forme de question directe ou non.
- L’annonce du plan : cette annonce permet de répondre à la question posée dans la problématique, en mettant en évidence les liens logiques qui permettent de passer d’une partie à l’autre. On mentionne donc les axes du commentaire (les hypothèses de lecture, les idées directrices) sans entrer dans le détail des paragraphes (sous-parties) pour ménager l’intérêt du lecteur et en évitant les formules maladroites et scolaires du type : « dans une première partie, nous montrerons que…puis dans une deuxième partie nous expliquerons en quoi consiste le « miracle » dont parle Aragon… »
Aspect de l’introduction
Dix à quinze lignes en un seul paragraphe de préférence.
Dans l’introduction, comme dans le reste du devoir, vous avez éventuellement le droit d’employer le « nous » dans des formules comme « nous observons », mais jamais le « vous » ni le « je ».
LE DEVELOPPEMENT
On pensera aux transitions entre chaque partie pour soigner le raisonnement et assurer de la fluidité au devoir.
Une transition a une double fonction : récapituler ce qui précède, amorcer et annoncer ce qui l’on va étudier dans la partie suivante, en indiquant le lien entre les deux parties (lien logique).
Une partie se développera donc selon le schéma suivant :
- présentation de l’idée qui fonde l’unité de la partie : cette introduction partielle annonce la thèse, l’idée directrice qui fera l’objet de la partie. Rédigez au brouillon les introductions partielles.
*développement d’un premier point qui forme un premier paragraphe
*développement d’un second point qui forme un deuxième paragraphe ; ce deuxième point du commentaire (deuxième paragraphe) est enchaîné logiquement au premier par un connecteur logique.
- conclusion partielle de la partie qui en fait la synthèse rapide et qui établit le lien, la transition avec la partie suivante : il s’agit donc d’une conclusion transitoire. Rédigez au brouillon les conclusions-transitions en leur accordant un soin tout particulier
Structurer un paragraphe
Vous devez absolument éviter la paraphrase et ne devez jamais séparer le fond de la forme .
Chaque interprétation avancée est accompagnée de citation ou référence au texte et de procédés d’écriture (les preuves).
- L’ordre de ces trois composantes peut varier dans le paragraphe mais on ne commence jamais un paragraphe par un procédé ni une citation.
Exemples de formulations :
(Telle idée) est soulignée par, est rendue par, est mise en valeur par, est marquée par, est mise en évidence par, est traduite par, s’appuie sur…
(Tel procédé / par tel procédé, l’auteur) traduit, souligne, met en évidence, rend compte de, révèle, crée l’impression de / que, suggère, transmet,
L’auteur / le narrateur / le poète exprime, nous rend sensible à, éveille en nous un sentiment de / une impression, développe le thème de, suggère, orchestre…
Cette expression / cet adjectif / cette figure de style (si possible la définir par son nom technique) exprime / insiste met en relief / met en valeur, pointe…
Ce terme opère une cassure dans l’harmonie du texte,
Cette association / cette alliance de mots travaille dans le sens de la réconciliation / de la fusion.
Les sonorités miment le sens (harmonie imitative) / les sonorités confèrent une unité au vers ...
Ce terme confère au texte / à la phrase une connotation positive / péjorative / négative / méliorative / laudative.
Ce terme répond à cet autre, ce terme fait écho à, suggère, évoque, rappelle..
l’auteur / le narrateur / le poète : souligne, esquisse un tableau / un portrait, précise, révèle au lecteur, transcrit dans ce texte ses préoccupations, insiste sur tel aspect
ce terme / cette expression / cette sonorité : revient tel un leitmotiv, ponctue le récit / le poème
Pour l’analyse d’un texte descriptif : vision d’ensemble / vision de détail, effets de rapprochement / effets de zoom, détails pittoresques / quotidiens, description de premier plan / d’arrière plan, description statique / dynamique (immobile / en mouvement), imparfait descriptif, le poète / l’auteur cherche à créer une atmosphère / à brosser un tableau.
Evitez ce leitmotiv : « l’auteur veut nous montrer que », « l’auteur veut nous dire que »
CONCLUSION
La conclusion comporte deux moments :
- La récapitulation : cette partie récapitulative rappelle les idées fortes. Cette récapitulation des bilans intermédiaires est délicate car il s’agit de reprendre les idées fortes exprimées dans chacun des bilans intermédiaires sans pour autant les reprendre littéralement.
Ne rien ajouter de nouveau et surtout pas un dernier procédé d’écriture !
- l’élargissement : (il s’agit d’ouvrir des perspectives plus larges à partir de ce texte) : influence du texte sur la postérité littéraire, rapprochements avec d’autres extraits de l’œuvre, avec d’autres arts (peinture, musique…). Il est également possible de s’interroger sur l’intérêt du texte par rapport à l’œuvre dont il est extrait, à son contexte historique, à son genre ; confronter le texte à d’autres textes qui traitent le même thème ou ont les mêmes objectifs ; repérer les prolongements du thème…
On bannira les généralités ; on veillera à ce qu’il y ait un lien réel entre l’élargissement et le texte ; on évitera de terminer par une question
Evitez les répétitions
Le commentaire développe des idées qui seront exprimées à plusieurs reprises (dans l’introduction pour l’annonce des idées directrices, dans l’introduction partielle de partie, dans la synthèse de la conclusion).
Pour éviter les répétitions de mots clés du commentaire, avant de rédiger, il est judicieux de se constituer une banque de mots en rapport avec chaque notion essentielle du commentaire, sans se limiter aux synonymes, mais en variant la nature grammaticale des mots (noms, verbes, adjectifs..)
Les citations
Elles jouent un rôle important dans le commentaire et doivent être encadrées par des guillemets à la française : « … ». De plus elles doivent être parfaitement intégrées à votre commentaire et on ne doit pas sentir de rupture entre le discours citant et le discours cité.
Vous faites des citations exactes. Si vous modifiez le texte, vous noterez entre crochets les modifications apportées.
Même coupées, vos citations doivent conserver un sens et être cohérentes sur le plan syntaxique.
En aucun cas les citations ne doivent figurer entre parenthèses. Vous donnez les numéros de lignes ou de vers. MAIS on ne fait jamais référence à des numéros de lignes ou de vers pour s’éviter la peine de citer.
L’insertion des citations
Citation intégrale |
Une phrase (ou partie de phrase) entre guillemets, respectant le texte |
Toute coupure ou modification doit être signalée par des crochets […]. La citation du vers doit respecter la typographie d’origine ou signaler le retour à la ligne par une barre oblique (/), en observant les majuscules au début du vers |
Eléments épars |
Un relevé de mots qui forment un champ lexical |
On mettra chaque élément entre guillemets, séparé par une virgule (en évitant les longues listes) |
Résume |
Reformulation d’un passage pour éviter une citation trop longue |
On visera la concision et on évitera la paraphrase |
Référence : Renvoi à un paragraphe, une strophe, un vers, ou à un personnage |
On donnera toutes les informations nécessaires à la compréhension de la référence. |
La présentation
Il convient de respecter les conventions de présentation (saut d’une ligne entre l’introduction et le développement et entre le développement et la conclusion, passage à la ligne entre les différents paragraphes au sein d’une même partie, retour à la ligne avec respect d’un alinéa pour marquer le changement de paragraphe qui correspond à un changement d’idée)
Les citations et les titres
Ces conventions sur le soulignement et l’emploi des guillemets ne sont pas arbitraires. Le fait de souligner les titres permet de distinguer les cas où l’on parle de Candide pour désigner le conte philosophique et de Candide pour désigner le personnage principal de ce conte
De même, la nécessité de souligner un titre d’œuvre et de mettre entre guillemets un titre de poème permet d’éviter les ambiguïtés quand un même titre a été utilisé pour désigner l’un des poèmes du recueil et le recueil tout entier.
Et attention à la propreté de votre copie, votre graphie, votre orthographe et la qualité de votre expression …..